Jardiner autrement (sans pesticides) pour préserver la santé, l’eau et l’environnement

Mis à jour le 12/08/2013

Bouillie bordelaise, produits anti-limaces, désherbants... La prise de conscience de la toxicité de ces pesticides et autres désherbants s’avère très faible chez les jardiniers amateurs qui recherchent avant tout des produits efficaces. Pourtant ces produits phytosanitaires ne sont pas sans danger sur la santé, l’eau et l’environnement. De nombreuses alternatives simples à l’usage des pesticides existent : apprenons à jardiner autrement pour devenir des jardiniers responsables !

Avec 78 000 tonnes de pesticides utilisés en 2008, la France est le premier consommateur européen de pesticides et le quatrième au niveau mondial .

 

Le jardinage en chiffres

Près de 45% des Français disposent d’un jardin ou d’un potager. 76 % d’entre eux jardinent, ce qui représente environ 17 millions de jardiniers en France (35% des français). 10 % entretiennent un potager, qui leur appartient ou qu’ils louent. Mis bout à bout, les jardins de France totalisent un million d’hectares, soit autant que les réserves naturelles. Ils reçoivent chaque année environ 5000 tonnes de pesticides : herbicides, fongicides, insecticides.

Parmi les 17 millions de Français qui jardinent, 32% seulement associent le qualificatif dangereux aux pesticides et 20% considèrent même que ces produits ne présentent aucun danger !

Pour inciter les jardiniers amateurs à changer de comportement et à prendre conscience des risques que comportent les pesticides pour la santé et l’environnement, le ministère en charge de l'environnement a lancé une campagne de sensibilisation nationale, « Les pesticides, apprenons à nous en passer ! ».

Tous les acteurs (professionnels, particuliers et collectivités territoriales) sont dans l’obligation de mise en place d’une Zone Non Traitée (ZNT) lors de l’utilisation de produits phytosanitaires.
  Pour en savoir + : sur l’obligation de mise en place de ZNT, consultez la page dédiée : Phytosanitaires : les obligations dans le département

 

Les conséquences

Cette utilisation de pesticides, bien que moindre en quantité par rapport aux usages agricoles (95%) constitue une source importante de la contamination des eaux. En effet, les désherbants utilisés sur des surfaces imperméables ou peu perméables (trottoirs, cours bitumées ou gravillonnées, pentes de garage...), se retrouvent dans les eaux superficielles ou souterraines et entraînent très souvent, du fait d’une faible infiltration une pollution des eaux liée au ruissellement. Par ailleurs, ces usages sont réalisés essentiellement en ville au plus près de la population.

Les conséquences potentielles pour l’homme et l’environnement de l’usage de pesticides dans les zones non agricoles représentent donc aujourd’hui un enjeu de société majeur. En effet, les pesticides engagent des risques liés à la santé (irritation de la peau et des poumons) et à l’environnement (pollution des nappes phréatiques).

 

© Arnaud Bouissou (MEDDTL)

 

Quel jardinier êtes-vous ?

Dans le cadre du plan Ecophyto 2018, le ministère en charge de l'environnemnt a lancé une étude comportementale visant à identifier les motivations et les comportements des jardiniers amateurs pour mieux élaborer une campagne de sensibilisation nationale sur l’usage des pesticides. L’étude a permis d’identifier 3 profils de jardiniers amateurs utilisateurs de pesticides :

Le « producteur » 

  •  homme à la retraite ou presque
  •  possède un jardin de grande superficie et consacre beaucoup de temps au jardinage
  •  conscient du danger que représentent les produits phytosanitaires.

C’est le profil qui utilise le plus de pesticides pour assurer une production, notamment légumière.
Les « producteurs » représentent 20% de la population française. Hommes âgés de 50 à 65 ans, souvent retraités, ils vivent en dehors de la région parisienne et jardinent un grand potager en milieu rural. Pour eux, le jardinage est une passion et un mode de vie. Les plaisirs de produire et de récolter les fruits et les légumes et de les consommer ou les partager constituent une justification importante de leur engagement plusieurs jours par semaine dans cette activité.

L’« hédoniste » 

  •  30 à 50 ans, profil plutôt féminin ou jeunes couples
  •  possède un jardin de petite taille et considère le jardinage comme un loisir nouveau
  •  sensible aux messages sur la responsabilité vis-à-vis de l’environnement, mais utilise tout de même des produits chimiques.

Il a généralement conscience du risque mais il utilise néanmoins des pesticides en cas de besoin.
Les « hédonistes » représentent 10% de la population française, jardinent un petit potager (moins de 100m2), ont autour de 35 ans : le jardin et surtout le potager constituent une activité de plein air, devenue un vrai hobby. Le plaisir de la récolte constitue aussi une motivation forte pour cette population. Soucieuses de l’environnement, ces personnes utilisent toutefois des pesticides car le plaisir de voir les fruits de son travail est plus fort que l’idée de protéger la nature.

Le « désimpliqué » 

  •  homme de moins de 50 ans
  •  possède un jardin de taille variable et considère le jardin uniquement comme un lieu de détente
  •  fait à la fois preuve de conscience et d’indifférence face à la nocivité des produits phytosanitaires.

Il a recours aux pesticides par nécessité sans avoir réellement conscience du danger. Bien souvent, il délègue l’entretien du jardin et ne possède pas de potager.
Les « désimpliqués », âgés de 35 à 50 ans en moyenne, professionnellement actifs, représentent 15% de la population française. Le jardinage est vécu comme une corvée. Le jardin est un lieu de détente pour les enfants ou pour recevoir des amis. A ce titre, il doit être une “vitrine” de la maison : propre, rangé, vecteur de statut social. Les « désimpliqués » ont très souvent recours à des professionnels ou des associations pour l’entretien de leur jardin.

 

© Arnaud Bouissou (MEDDTL)

 

Prendre conscience du danger des pesticides dans la consommation familiale des produits du jardin

L’enquête a montré que :

  • les jardiniers amateurs utilisateurs de pesticides n’ont pas conscience qu’ils utilisent des pesticides ou ne veulent pas avoir conscience : ils utilisent des produits de « traitement », des « médicaments », des « pschitt pschitt », granulés, etc. La sémantique est plutôt positive ; le terme pesticide n’est jamais employé par les jardiniers amateurs.
  • le produit phytosanitaire le plus utilisé est la bouillie bordelaise ou un produit pour lutter contre les pucerons ou autres parasites des plantes (respectivement 69 % et 68 % des jardiniers amateurs en utilisent). Viennent ensuite les produits anti-limaces (60 %) et les désherbants (50 %).

La prise de conscience de la toxicité des pesticides s’avère très faible chez les jardiniers amateurs qui recherchent avant tout des produits efficaces, plus que des produits « bio » ou « naturels ». Ce besoin d’obtenir des résultats à tout prix explique la tendance des utilisateurs à surdoser, notamment dans le cas de la bouillie bordelaise. Ainsi, n’ayant pas conscience des effets des produits utilisés, les jardiniers amateurs adoptent un comportement d’utilisation qui ne tient pas compte des dangers (peu ou pas de protection).

En revanche, l’étude met en lumière la prise de conscience émergente des risques sanitaires et des risques pour les jeunes générations. Cette prise de conscience est notamment accélérée lorsque le terme pesticide est utilisé, et ce, quelle que soit la typologie : l’utilisation du mot pesticide a un pouvoir évocateur très puissant. Contrairement aux termes techniques insecticides, désherbants, etc., il renvoie à la santé humaine et contribue à combattre la “dédramatisation” des utilisateurs. Il présente aussi l’avantage de désigner de façon explicite la catégorie des produits phytosanitaires.

Cette prise de conscience émergente est d’autant plus immédiate lorsque la dangerosité des produits constitue une menace pour les proches des jardiniers amateurs et introduit la question de la responsabilité : enfants, petits enfants, animaux domestiques.

Les hédonistes et producteurs montrent aussi une sensibilité accrue aux risques des pesticides du potager pour l’alimentation individuelle.

 

Les pesticides, apprenons à nous en passer !

Les bonnes pratiques

Au lieu de combattre les parasites et les maladies une fois qu’ils menacent les cultures, il s’agit en fait de créer, à toutes les étapes de la culture, des conditions qui freinent leur développement et de renouer avec le réservoir de biodiversité constitué par le jardin. En effet, plus un jardin accueille de diversité et ressemble à un écosystème naturel, plus il a la capacité de se défendre contre les aléas climatiques et les ravageurs (pucerons, insectes, taupes, pies...).

Quelques astuces à suivre en préventif :

  • Bien choisir les variétés de plantes cultivées en fonction du climat, du sol et de leur résistance ou leur tolérance aux parasites et maladies.
  • Adopter des pratiques de jardinage permettant de limiter l’usage de pesticides en variant les plantes cultivées d’une année à l’autre pour rompre le cycle de développement des parasites, décaler la date de semis pour que la culture soit à un stade moins sensible de son développement lorsque les parasites attaquent, aérer les rangs de plantations ou couvrir le sol pour éviter le développement des mauvaises herbes.
  • Utiliser du compost ou du fumier pour améliorer la fertilité du sol et renforcer la résistance des cultures en nourrissant les plantes. Pour donner aux sols tous les
    éléments nutritifs dont ils ont besoin, le compost constitue une solution simple et efficace.
    La transformation des matières organiques se fait naturellement mais pour produire un bon compost, il est nécessaire de respecter trois règles simples : mélanger les différentes catégories de déchets, aérer les matières et surveiller l’humidité.
  • Mettre en place une nouvelle esthétique du jardin : laisser l’herbe et les fleurs vagabondes esthétiques (rose trémière par exemple) se développer dans les allées gravillonnées en terre battue, ou entre les pavés : elles prendront la place des herbes indésirables, limiter les surfaces à désherber.
  • Créer des espaces favorisant la biodiversité et la présence de certains insectes ou animaux ennemis des ravageurs donc très utiles au jardin. Par exemple, aménager des coins de végétation dense, des mares, des haies fleuries ou créer des abris plus spécifiques : nichoirs et mangeoires pour les batraciens et les oiseaux, petit muret en pierre pour les lézards.

Quelques astuces pour lutter contre les parasites déjà installés :

  • Utiliser les prédateurs naturels pour lutter contre les ravageurs. La coccinelle est le plus efficace auxiliaire de culture au service du jardinier amateur. La coccinelle mange les pucerons, qui eux mangent les plantes du jardin ou les fruits et légumes du potager.
  • Désherber manuellement ou avec un outil adapté.
  • Utiliser des produits naturels pour lutter contre les ravageurs et les maladies. Par exemple l’eau bouillante enlève les herbes indésirables et l’eau savonneuse (dilution de 5% de savon noir) éloigne les pucerons.

 Pour en savoir + :

Découvrez les alternatives à l’usage des pesticides et désherbants sur : www.jardiner-autrement.fr
   

 

Les collectivités également concernées

L’utilisation des produits pesticides en zones non agricoles (voiries, trottoirs, parcs publics, terrains de sports ou de loisirs, zones industrielles, aéroports...) représente environ 5 % du tonnage de substances actives commercialisées chaque année en France. Les services techniques des collectivités locales en sont les premiers utilisateurs professionnels.

Ces usages constituent également une source de contamination des eaux. En effet, utilisés sur des surfaces imperméables ou peu perméables, ils entraînent une pollution des eaux liée au ruissellement.

Usage professionnel des pesticides en zones non agricoles :

Un accord-cadre relatif à l’usage professionnel des pesticides en zones non agricoles a été signé en septembre 2010 par le Ministre en charge de l’écologie, avec les représentants de collectivités territoriales et les acteurs associés à l’usage professionnel des pesticides.

Cet accord a pour objectif de changer les exigences des donneurs d’ordre et d’avancer vers des pratiques de conception et d’entretien des espaces verts plus durables. Il complète celui signé en avril 2010 avec les principaux acteurs de la distribution des pesticides et des grandes associations de jardiniers amateurs.

Pour en savoir + : Consultez l'accord-cadre relatif à l’usage professionnel des pesticides en zones non agricoles :

     

     

Obligation de mise en place d’une Zone Non Traitée (ZNT) pour les professionnels, particuliers et collectivités

Tous les acteurs (professionnels, particuliers et collectivités territoriales) sont dans l’obligation de mise en place d’une Zone Non Traitée (ZNT) lors de l’utilisation de produits phytosanitaires.

Pour en savoir + : sur l’obligation de mise en place de ZNT, consultez la page dédiée : Phytosanitaires : les obligations dans le département
     

 

Pour en savoir + : 

Agence de l’Eau Adour-Garonne

www.eau-adour-garonne.fr

  et notamment La pollution par les pesticides
Ministère en charge de l'agriculture  

et notamment : Ecophyto et Ecophytopic

EcophytoPIC a pour objet de sensibiliser les professionnels du secteur agricole au sujet de la Protection Intégrée des Cultures et ainsi de faire évoluer les pratiques vers une réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques.

Actuellement, les plateformes filières sont au nombre de trois : arboriculture, cultures légumières et grandes cultures. Trois plateformes supplémentaires (viticulture, horticulture/PPAM et cultures tropicales) sont par ailleurs en cours d’élaboration. Des passerelles entre la plateforme transversale et les plateformes filière facilitent la navigation au sein du portail.

Source :

Texte extrait du dossier de presse « Les pesticides, apprenons à nous en passer ! », campagne de sensibilisation à destination des jardiniers amateurs du 22 juin 2010 réalisée par le Ministère en charge de l’écologie, et ses partenaires.